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La culture, solidaire pour défendre la dignité et les droits des personnes

LA CULTURE, SOLIDAIRE POUR DÉFENDRE LA DIGNITÉ ET LES DROITS DES PERSONNES

Depuis plusieurs mois, le tis­su social et citoyen se mobilise partout sur les ter­ri­toires.

Les jeunes engagés pour l’ur­gence cli­ma­tique, le mou­ve­ment des gilets jaunes qui a fait irrup­tion dans l’e­space pub­lic, les ini­tia­tives asso­cia­tives et citoyennes investies quo­ti­di­en­nement con­tre la pré­car­ité et le recul des droits, comme la mobil­i­sa­tion de grande ampleur qui ani­me aujour­d’hui notre pays, témoignent d’une pro­fonde rup­ture sociale.

Dans le champ pro­fes­sion­nel, les réformes sont menées avec trop peu de con­sid­éra­tion du dia­logue social. Lois tra­vail, for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, assur­ance-chô­mage…, les réformes qui s’en­chainent par­ticipent de la lim­i­ta­tion des droits des per­son­nes et de la remise en cause de la mutu­al­i­sa­tion sol­idaire, qui font pour­tant le socle de notre pro­tec­tion sociale. Aujour­d’hui, évidem­ment, parce que la retraite nous par­le col­lec­tive­ment de sécuri­sa­tion dans notre par­cours de vie, de sol­i­dar­ité intergénéra­tionnelle, de prise en compte des iné­gal­ités de tra­vail, la réforme de notre sys­tème par répar­ti­tion inquiète…

Le gou­verne­ment doit enten­dre qu’il y a urgence à recon­sid­ér­er et à soutenir ce qui fait intérêt général dans nos ter­ri­toires de vie et d’ac­tion.

La cul­ture, comme la san­té, l’é­cole, l’u­ni­ver­sité, l’a­gri­cul­ture, l’eau, les trans­ports et bien d’autres activ­ités humaines, fait par­tie de nos ser­vices social­isés, ancrés dans une organ­i­sa­tion com­mune et démoc­ra­tique. Nous ne pou­vons les laiss­er se marchan­dis­er, car ces activ­ités appar­ti­en­nent à une autre sphère que celle des intérêts des indus­tries et de l’ac­cu­mu­la­tion finan­cière.

Ils répon­dent à des impérat­ifs d’in­térêt général, fondé sur le respect de la dig­nité des per­son­nes et du bien vivre-ensem­ble. Ils par­ticipent de la promesse de lib­erté, égal­ité et fra­ter­nité que nous por­tons pour les généra­tions à venir. Ils tran­scen­dent les intérêts par­ti­c­uliers. Ils nous per­me­t­tent de faire human­ité ensem­ble.

Or, nous voyons les mis­sions du min­istère de la Cul­ture dépérir au prof­it d’é­tats généraux des fil­ières et indus­tries cul­turelles, les poli­tiques publiques sont ori­en­tées vers des intérêts privés et finan­cia­risés à coup de start-up d’é­tat (Pass Cul­ture entre autres…), de sou­tien à la com­péti­tiv­ité des indus­tries, de marchés publics pour les grands groupes. Dans le même temps, de nom­breuses col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales se désen­ga­gent de la diver­sité et de la pra­tique artis­tique et cul­turelle de toutes et tous, au prof­it d’une logique de rentabil­ité et de grands événe­ments con­suméristes.

Les logiques de con­cen­tra­tions finan­cières mon­di­al­isées qui men­a­cent les sol­i­dar­ités et les dig­nités se font tou­jours plus fortes. Les droits humains et du col­lec­tif sont ren­voyés au sec­ond plan sous pré­texte de prag­ma­tisme et de gou­ver­nance quan­ti­ta­tive. Le retour de l’au­torité, de la défi­ance vis-à-vis de l’autre, la restric­tion des lib­ertés ne peu­vent être l’avenir de nos sociétés.

Il y a quelques mois, lors de Pop­mind 2019, nous nous réu­nis­sions à plusieurs réseaux et organ­i­sa­tions cul­turels et au-delà pour par­ler des droits humains comme une zone à défendre. Ils doivent rede­venir un hori­zon éthique et poli­tique à par­tir duquel con­stru­ire nos respon­s­abil­ités citoyennes, pro­fes­sion­nelles et d’ac­tion publique. Il est cru­cial d’ac­com­pa­g­n­er une démoc­ra­tie active et appro­fondie, reposant sur des valeurs fon­da­men­tales.

Les acteurs artis­tiques et cul­turels ont cette respon­s­abil­ité essen­tielle d’être tou­jours aux avant-postes pour l’échange et le dia­logue, la réflex­ion et les inter­ro­ga­tions, dans tous les espaces publics, qu’ils soient des espaces immatériels ou places physiques, lieux artis­tiques ou autres. Ren­dre pos­si­bles les expres­sions artis­tiques des per­son­nes, leur per­me­t­tre de dire, de voir, d’en­ten­dre le monde, pro­pos­er des lieux de pra­tiques, des espaces de partage, de débat et de délibéra­tion, des modes de con­tri­bu­tion pour faire sens ensem­ble… voilà leur engage­ment.

C’est pourquoi nous sommes sol­idaires des actions qui défend­ent partout la réal­i­sa­tion du respect des droits fon­da­men­taux.

La cul­ture est un out­il de résis­tance, d’é­man­ci­pa­tion et de con­struc­tion col­lec­tive. Reprenons la main, créons et parta­geons nos imag­i­naires ! Bâtis­sons ensem­ble nos sol­i­dar­ités et con­cep­tions de l’avenir !

L’UFISC – Union Fédérale d’In­ter­ven­tion des Struc­tures Cul­turelles.