Il y a 10 ans, Zone Franche concluait ses derniers États Généraux après trois rendez-vous biennaux en 2009 (à Sciences Po Paris), 2011 (à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration) et 2013 (à la Villa Méditerranée de Marseille). Ces moments forts avaient mobilisé des institutions, des acteurs, des professionnels, etc…, du monde entier.
En 10 ans, les effets de la mondialisation se sont accrus, les montées identitaires et nationalistes aussi, la crise climatique est devenue urgence, les équilibres géopolitiques ont fortement évolué, et les mouvements des populations viennent interroger la capacité des pays à accueillir dignement « l’autre » avec sa culture et les droits inhérents à son humanité. Il est donc plus que temps de provoquer un aggiornamento des réflexions d’alors, aux réalités du monde, et donc des Musiques du Monde, d’aujourd’hui.
Chaque édition explore un grand axe :
2023 : Géopolitique et musique (en septembre 2023 au théâtre de l’Alliance Française)
2024 : Musique(s) et culture(s) au cœur de la mondialisation et des logiques de marché
2025 : Peuples et Cultures
2026 : Ethno-futurisme des Musiques du Monde
ÉTATS GÉNÉRAUX DES MUSIQUES DU MONDE 2024
En partenariat avec le Festival Rio Loco et la Fédération Octopus (musiques actuelles en Occitanie)
En 2024, les États Généraux se tiendront sur une journée et demie lors du festival Rio Loco à Toulouse les 12 et 13 juin ; ils seront accueillis par Les Abattoirs, musée — Frac Occitanie Toulouse.
Inscription obligatoire via ce formulaire
Mercredi 12 juin 2024 de 14h30 à 17h
Accueil dès 14h
1/ La Culture peut-elle être envisagée sous le prisme des Industries Culturelles et Créatives (ICC) ?
Le vocable et son acronyme sont désormais largement utilisés depuis le secteur marchand, naturellement, jusqu’au ministère de la Culture et les organismes publics culturels (CNM, CNC, Institut Français, Europe Creative, etc.). Les acteurs, s’adaptant aux normes administratives et, plus largement, aux règles et humeurs du monde d’aujourd’hui, en usent tout autant. Mais ce glissement sémantique n’est pas anodin, il est porteur de sens ou, pour le dire autrement, il révèle le glissement du sens profond de l’art et de la musique comme signifiant anthropologique, vers une perspective standardisée en produit industriel devant s’insérer dans le marché mondial.
Depuis Theodor Adorno et Max Horkheimer, et leur « Kulturindustrie. Raison et mystification des masses » (1947), comment a évolué l’industrie culturelle et la pensée critique à son égard ? Comment agir face au risque de normalisation des règles et des lieux, à l’uniformisation des esthétiques, à la politique du chiffre, etc. ? Les ICC sont-elles le nouveau paradigme culturel ? Que reste-t-il des dimensions sociale, sociétale, symbolique des diverses formes artistiques et musicales ?
Intervenants (Panel en cours de finalisation) :
- Emilie Da Lage, Professeure en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Lille ;
- Olivier Voirol, Maître d’enseignement et de recherche en sociologie de la culture et de la communication à l’Université de Lausanne et chercheur à l’Institut für Soziaforschung, Frankfurt-am-Main ;
- Frank Tenaille, Journaliste, Directeur artistique du Chantier à Correns, et ex-Président de Zone Franche ;
Suivi à 17h30 de l’inauguration du Festival Rio Loco
Jeudi 13 juin 2024 de 10h à 12h30
Accueil dès 9h30
2/ Les phénomènes de concentration liés à la mondialisation et leurs conséquences sur la musique, les médias, la société, etc.
Les sciences économiques étudient les phénomènes de concentration, leurs causes et conséquences, leurs typologies (horizontale, verticale ou financière), etc…. Pour être simple et prosaïque, cela peut se résumer à dire que ces phénomènes mènent à ce que peu possède beaucoup (voire tout). Et si nous entendons régulièrement parler de la concentration des médias et de l’édition aux mains de quelques grandes fortunes, ce phénomène est tout aussi important dans le monde du spectacle et notamment celui de la musique. Lorsqu’un « grand groupe » possède les médias, la production phonographique, les salles et les festivals, il est facile d’imaginer qu’il pourra faire émerger et rentabiliser des artistes dont il assure la production, la promotion sur ses chaînes et ses journaux, et la programmation dans ses propres salles et festivals.
Cette dystopie est-elle une fiction ou une réalité ?
L’argent privé de quelques un-e‑s peut-il réellement servir le bien commun et l’intérêt général, de manière altruiste et désintéressée, dans le respect de la diversité culturelles et la liberté de création ?
Intervenants (Panel en cours de finalisation) :
- Aurélie Hannedouche, Directrice du Syndicat des Musiques Actuelles ;
- Mario d’Angelo, Professeur émérite de la BSB, Directeur scientifique du MECIC-Paris, en management des entreprises culturelles et industries créatives ;
- Nikos Smyrnaios, Docteur en Sciences de l’information et de la communication, Chercheur à l’Université Toulouse 3 ;
- Philippe Astor, Journaliste — Modération
Jeudi 13 juin 2024 de 14h30 à 17h
Accueil dès 14h
3/ Qu’en est-il des politiques publiques culturelles, notamment de la musique, et de leur rôle, face aux impératifs économiques, aux directives européennes,… ?
En 2013, le rapport Lescure rappelait que « Le concept d’exception culturelle, promu par la France sur la scène internationale depuis les années 1980, repose sur l’idée que la culture ne saurait, en raison des enjeux qui s’attachent à la création et à la diffusion des œuvres, être intégralement soumise aux règles du droit commun et de l’économie de marché. Sans nier la dimension économique de la culture, l’exception culturelle vise à reconnaître et protéger sa dimension éthique, politique et sociale, qui en fait l’un des fondements de la dignité humaine ». Dix ans plus tard, nous voilà en train de parler de la généralisation du terme ICC et des phénomènes de concentration ultra-libérale. Et quand les acteurs culturels gagnaient la bataille contre le GATT (1993) ou contre les traités de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis (2013), en 2020, la décision de la Cour de justice de l’Union européenne, dite « Arrêt RAPP », est venue porter un coup brutal à la capacité des Organismes de Gestion Collective à financer la création et la diffusion, les actions d’éducation artistique et culturelle, la formation des artistes, en France et en Europe.
Face à ces dynamiques, quel est le rôle des politiques publiques ? Y participent-elles activement ou, a contrario, permettent-elles d’y résister ? Placent-elles désormais leurs moyens à destination du marché, c’est-à-dire dans le renforcement de la consommation et du pouvoir d’achat ? Ou bien l’argent public est-il dédié à la création et la diffusion des œuvres et des artistes et au rééquilibrage des forces entre secteurs marchand et non marchand ? En somme, les concepts d’exception culturelle française, de diversité culturelle, de francophonie, etc. sont-ils toujours défendus par la France face à l’Europe, aux Etats-Unis et au marché global ?
Intervenants (Panel en cours de finalisation) :
Sylvie Robert, vice-présidente du Sénat et membre de la Commission Culture ;
Sandrine Teixido, Auteure, chercheuse et critique ;
Jérôme Sion, vice-président des 3 agences régionales culturelles Occitanie en Scène, Occitanie Livre & Lecture, Occitanie Films ;
Infos pratiques
Où ? Les Abattoirs, FRAC Occitanie à Toulouse (76 allées Charles de Fitte — 31300 Toulouse)
Quand ? 12 et 13 juin
Comment ? Inscription obligatoire via ce formulaire